Souvenirs de Roger Roche, photographe.

A Paris, au 33, rue Descartes près de la place Contrescarpe, derrière le Panthéon, le «Cheval d’Or» cabaret «Rive-Gauche» crée en mars 1955 par Jean-Pierre Suc, chanteur-compositeur montpelliérain ayant constitué avec Henri Serre, (comédien originaire de Sète qui sera le Jim du film de Truffaut «Jules et Jim») un duo «Suc et Serre», qui a fait les beaux jours du Cheval d’Or, dans une ancienne mercerie dont Léon et Yvonne Tcherniak étaient les propriétaires. Le duo «Suc et Serre» était musicalement accompagné, outre la guitare de Jean-Pierre par le trombone à coulisse de Gaston Balenglow et la contrebasse à cordes de Henri Droux. Le spectacle était présenté par «Petit Bobo» comédien sous le pseudonyme de Pierre Maguelon mais, qui s’appelait à l’état civil, Maurice Cousinié et était originaire de Villeneuve-les-Maguelone. Chaque soir, il improvisait avec son accent du midi, de fantastiques histoires imaginées sur son enfance.

Je crois que c’est Frédéric-Jacques Temple (Directeur de Radio Montpellier, à cette époque) qui m’a fait connaître le «Cheval d’Or».
Je l’ai beaucoup fréquenté ainsi que Jean-Pierre Suc, Henri Serre et Pierre Maguelon ; de nombreux autres artistes y ont débuté ou s’y sont produits, tels que Pauline Julien, Christine Sèvres, Ricet Barrier, Bernard Haller, Maurice Fanon, Jean Ferrat, Boby Lapointe, Anne Sylvestre, Roger Riffard, Pierre Louki, Luce Klein, Raymond Devos ou Pierre Etaix.
Avec Pierre Etaix nous avons monté un spectacle audio-visuel concrétisé par la projection de diapositives 6x6 de ses dessins pour le «Petit Napoléon Illustré» édité chez Robert Laffont et dont le texte écrit par Jean-Claude Carrière était dit et enregistré, pour accompagner la projection, par le fils de Pierre Etaix, Marc âgé alors de 8/9 ans et par Jean-Claude Carrière lui-même, jouant le rôle du professeur. Cela a peut-être été un des premiers spectacles audio-visuel présenté en public à Paris.

Au début de l’été 1956 devant descendre en vacances chez mes parents, Jean-Pierre Suc m’a demandé si je pouvais le prendre, en compagnie de Balenglow, dans ma voiture pour Montpellier où ses parents tenaient une boulangerie Avenue Georges Clemenceau. J’ai accepté, me disant qu’ils me tiendraient compagnie pour ce voyage long, car à cette époque il n’y avait pas d’autoroutes.
La veille de mon départ ayant eu énormément de travail je n’ai pratiquement pas pu dormir de la nuit, je comptais sur mes passagers Suc et Balenglow pour me tenir compagnie et surtout pour m’éviter l’endormissement sur la route, mais ces rigolos ayant fait la bringue toute la nuit ont dormi tout au long du voyage, Jean-Pierre à côté de moi et Balenglow dans le spider du cabriolet Citroën.

Voir les photos prises à l'occasion d'une halte petit-déjeuner.

Par la suite le duo «Suc et Serre» s’est séparé et Jean-Pierre a continué à composer et à chanter seul au «Cheval d’Or».

Quelques années plus tard, le 16 mai 1960, Jean-Pierre a pris un train pour Montpellier à la gare de Lyon et dans les WC, s’est tiré une balle de revolver dans la tête.
Il est depuis le 19 Mai 1960 enterré au cimetière Saint-Lazare de Montpellier.

Le «Cheval d’Or» disparaîtra au lendemain des événements de mai 1968.

© Roger Roche

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