C'est l'autobus quatre vingt quatre
qui m'a fauché mon amie
Cécily, c'est ça Cécily
Si c'est le bus quatre vingt quatre qui m'a fauché mon amie
Si c'est ça c'est Cécily
Si c'est ça c'est Cécily
Peut-être le métropolitain
Me la ramènera demain matin
Peut-être le métropolitain
Me la ramènera demain matin
On l'a vue rue du Paradis faire le
trottoir le jour la nuit
Cécily, c'est ça Cécily
On l'a vue rue du Paradis faire ses six lits dans la nuit
Si c'est ça c'est Cécily
Si c'est ça c'est Cécily
C'est dans un de ces lits lascifs
Qu'elle vous posséderait une nuit
Si, si, c'est dans un de ces lits lascifs
Qu'elle vous posséderait une nuit
Cécily
Quand tu reviendras du paradis ou
que t'auras passé la nuit
Avec Cécily, c'est ça avec Cécily
Quand tu reviendras du paradis si t'as passé bonne nuit
Si c'est ça c'est Cécily
Si c'est ça c'est Cécily
Si tu peux pas lui filer un sac
Refiles lui au moins cent balles
En amour elle a ses deux bacs
Ca vaut bien un de tes billets sales
C'est l'autobus quatre vingt quatre
qui m'a fauché mon amie
Cécily, c'est ça Cécily
Si c'est le bus quatre vingt quatre qui m'a fauché mon amie
Si c'est ça c'est Cécily
Si c'est ça c'est Cécily
Peut-être le métropolitain
Me la ramènera demain matin
Peut-être
Danse danse dans ce
Petit bateau danse
Sur la mer immense
Mais le vent frissonne
Le tonnerre tonne
La voix du ciel résonne
Danse danse dans ce
Petit bateau danse
Tu peux danser rassuré
Si à la Nationale tu t'es assuré
J'avais trois maisons
Comme dans la chanson
Sans poutre ni toit ni chevrons
Mais trois incendies
Me les brûlent une nuit
Alors la voix du ciel m'a dit oui
T'auras trois maisons
Neuves avec chevrons
Tu peux dormir rassuré
Si à la Nationale tu t'es assuré
Les moutons moutonnent
Les moutons foisonnent
Dans la lande bretonne
Au loup crie Guillo,
Il me bouffe mes bestiaux
Le ciel lui dit fait pas l'idiot
Tu reverras tes moutons
Sur le sol breton
Paître contents et rassurés
Si à la Nationale tu t'es assuré
La vie c'est sérieux
Et pour la vivre au mieux
Je crois bien qu'il faut la vivre à deux
Je t'aime tu m'aimes
Quand on s'aime on sème
De la graine de baptême
La vie c'est sérieux
Et pour la vivre vieux,
Le Père Eternel me l'a assuré
A la Nationale il s'est assuré
La vie c'est sérieux
Et pour la vivre vieux,
Le Père Eternel me l'a assuré
Sur la vie il s'est assuré
C'est vrai
Comme l'amour des bonnes
Ou celui des baronnes
Même sur un lit de camp
Les amours qu'ont les mômes
Valent bien ceux des hommes
Et durent plus longtemps
Plus longtemps, plus longtemps
Quant à l'amour des nonnes
Lucifer pardonne
Et l'enfer au couvent
Jamais un cœur ne sonne
Plus pour rien ni personne
Que lorsqu'il a quinze ans
A quinze ans, a quinze ans
La belle luronne
Et lui qui déboutonne
Vos fleurs dans le printemps
Comme le blé il foisonne
Puis un jour on moissonne
Il reste le chiendent
Le chiendent, le chiendent
La vieille friponne
Maintenant qui se donne
Dans un bar d'Abidjan
En somme les amours des mômes
Valent bien ceux des hommes
Et durent plus longtemps
Plus longtemps, plus longtemps
Plus longtemps, plus longtemps
Il s'est pendu un matin
Il a mis la corde à son cou
Tout seul avec ses propres mains
Puis il s'est lâché d'un seul coup
Les pendus quoiqu'on en dise
Ce sont toujours eux qui ont tort
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Ses amis ont dit c'est bête
A cet âge de mourir
Demain ce sera la fête
Il ne pourra pas y venir
Les pendus quoiqu'on en dise
Ce sont toujours eux qui ont tort
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Sa belle pleurera trois jours
Un souvenir déjà effacé
Puis dans un autre grand amour
Elle oubliera tout le passé
Les pendus quoiqu'on en dise
Ce sont toujours eux qui ont tort
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Peut être sa mère gardera
Une image du cher pendu
Et le corbeau pour son repas
Dira c'est lui qui l'a voulu
Les pendus quoiqu'on en dise
Ce sont toujours eux qui ont tort
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Ses pieds ne touchent plus terre
Et sa tête est presque au ciel
Il est renié par son père
Et réformé par l'éternel
Les pendus quoiqu'on en dise
Ce sont toujours eux qui ont tort
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Ils se balancent dans la vie
Bien avant que d'être morts
Morts morts
Hier j'ai tué ma grand-mère
A quatre vingt quinze ans
Elle avait eu ma mère
Par le trou d'une dent
La molaire de ma mère
Le jour où je naquis
La molaire de ma mère
Comme une fleur s'ouvrit
J'suis de la famille tuyau-de-poêle
Qui bat du cœur de la semelle
Du premier janvier à l'année nouvelle
Bat la semelle, bat la semelle
Mon père m'a dit ma mère
Un joyeux courant d'air
Mort huma la molaire
Sans en avoir l'air
Le vent par tradition
Féconde la famille
Les garçons et les filles
Naissent d'une fluxion
J'suis de la famille tuyau-de-poêle
Qui bat du cœur de la semelle
Du premier janvier à l'année nouvelle
Bat la semelle, bat la semelle
Première bise prise
A ma cousine Elise
Le vent comme à plaisir
Soufflait un doux zéphyr
Première friandise
Que j'offris à Elise
Ce fut un ouragan
Qui lui fit neuf enfants
J'suis de la famille tuyau-de-poêle
Qui bat du cœur de la semelle
Du premier janvier à l'année nouvelle
Bat la semelle, bat la semelle
Poète prend ta lyre
Ré mi fa sol la si
Que je chante sans rire
Qu'elle eût neuf petits
J'partis pour l'Amérique
Quand l'ouragan soufflait
Tous les neuf mois panique
La joue d'Elise enflait
J'suis de la famille tuyau-de-poêle
Qui bat du cœur de la semelle
Du premier janvier à l'année nouvelle
Bat la semelle, bat la semelle
J'ai pêché l'écrevisse
J'ai chassé le faisan
Je vous jure qu'Ulysse
N'en fit pas autant
Mais j'ai perdu Elise
Elle a cent neuf enfants
Neuf ressemblent à la bise
Et les autres au soleil couchant
J'suis de la famille tuyau-de-poêle
Qui bat du cœur de la semelle
Du premier janvier à l'année nouvelle
Bat la semelle, bat la semelle
Bat la semelle
A
LA MEMOIRE DE ZULMA VIERGE-FOLLE HORS BARRIERE ET D'UN LOUIS
(Tristan Corbière)
Elle était riche de vingt ans,
Moi j'étais jeune de vingt francs,
Et nous fîmes bourse commune,
Placée, à fonds perdu, dans une
Infidèle nuit de printemps...
La lune a fait un trou dedans,
Rond comme un écu de cinq francs,
Par où passa notre fortune :
Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune
- En monnaie - hélas - les vingt francs !
En monnaie aussi les vingt ans !
Toujours des trous en trous de lune
Et de bourse en bourse commune...
- C'est à peu près même fortune !
- Je la trouvai - bien des printemps,
Bien des vingt ans, bien des vingt francs,
Bien des trous et bien de la lune
Après - Toujours vierge et vingt ans
Et... colonelle à la Commune
- Puis après : la chasse aux passants
Aux vingt sols, et plus aux vingt francs...
Puis après : la fosse commune
Nuit gratuite sans trou de lune
Nuit gratuite sans trou de lune
Jean La Beche était capitaine
Pipe d'écume, jambe de bois
Du vieux rafiot "Pas la peine,
"Pas la peine ou alors pourquoi"
"Pas la peine ou alors pourquoi"
Camp Voisin est son domaine
Les mouettes l'ont sacré roi
Par héritage capitaine
Du "Pas la peine ou alors pourquoi"
"Pas la peine ou alors pourquoi"
Vont et viennent les vagues et le flot furieux
Lave les étoiles au fin fond des cieux
Jean La Beche était capitaine
Pipe d'écume, jambe de bois
Du vieux rafiot "Pas la peine,
"Pas la peine ou alors pourquoi"
"Pas la peine ou alors pourquoi"
Vont et viennent les vagues et le flot furieux
Lave les étoiles au fin fond des cieux
Jean La Beche était capitaine
Pipe d'écume, jambe de bois
Du vieux rafiot "Pas la peine,
"Pas la peine ou alors pourquoi"
"Pas la peine ou alors pourquoi"
Coffrets de bois, coffrets de fer
Petits coffrets venus du fond de vieilles malles
Secrets de bois, secrets de fer
Avec dedans quelques photos tordues et pâles
Serrures usées, odeur de temps
Petits coffrets venus du fond de vieilles armoires
Rubans fanés, fleurs d'un printemps
Dont les années ont su lier les pauvres gloires
De mains en mains les coffrets de famille
Se sont passés comme on lègue un secret
Dans des parfums de thym de camomille
Avec des mots que personne ne sait
Coffrets de bois, coffrets de fer
Petits coffrets venus du fond des saisons mortes
Secrets de bois, secrets de fer
Ces quelques malles d'amour qui toujours vous escortent
Secrets de bois, secrets de fer
Ces quelques malles d'amour qui toujours vous escortent
Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale
Au cimetière étrange de Lofoten
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au cœur des cercueils, port de Lofoten
Mais grâce aux trous creusés par le noir
printemps
Les corbeaux sont gras de froide chair humaine
Et grâce au maigre vent à la voix d'enfant
Le sommeil est doux aux morts de Lofoten
Je ne verrai très probablement jamais
Ni la mer ni les tombes de Lofoten
Et pourtant c'est en moi comme si j'aimais
Ce lointain coin de terre et toute sa mer
Vous disparues, suicidées, lointaines
Au cimetière étranger de Lofoten
Ce nom sonne à mon oreille étrange et doux
Vraiment dites-moi, dormez-vous, dormez-vous ?
Tu pourrais me conter des choses plus drôles
Au vin dont ma coupe d'argent est pleine
Des histoires plus amusantes ou moins folles
Laisse-moi tranquille avec ton Lofoten
Il fait bon dans le foyer doucement traîne
La voix du plus mélancolique émoi
Ah les morts, y compris ceux de Lofoten
Ah les morts sont au fond moins morts que moi
Tous les morts sont ivres de pluie vieille et sale
Au cimetière étrange de Lofoten
L'horloge du dégel tictaque lointaine
Au cœur des cercueils, port de Lofoten
Tous les petits pieds chauds
Bien au chaud sont chaussés
Quand la fesse est tranquille
Mais quand le coccyx bout
Le bourgeois devient fou
Ses pieds courent à travers la ville
Au rendez-vous des culs pointus
Qui sur le coccyx ne restent pas assis
Les gens pressés seront décorés
Dans la salle des pas-perdus
Au rendez-vous des culs pointus
On verra la marquise
Poursuivre le bouvier
Le général la vache
Pour faucher la médaille
Que c'te vache a gagné
Au concours rural de beauté
Au rendez-vous des culs pointus
Qui sur le coccyx ne restent pas assis
Les gens pressés seront décorés
Dans la salle des pas-perdus
Au rendez-vous des culs pointus
Tous les petits tapeurs
Les tireurs de sonnettes
Qui quêtent une requête
Les légions sans honneur
Courtisent la rosette
Le ministre a l'air d'un marlou
Au rendez-vous des culs pointus
Qui sur le coccyx ne restent pas assis
Les gens pressés seront décorés
Dans la salle des pas-perdus
Au rendez-vous des culs pointus
Ils seront par millions
Pressés au cimetière
Pour choisir leur place aux premières
Sautant le portillon
Sans attendre Saint-Pierre
Ils voudront choisir leur tour
Au rendez-vous des culs pointus
Qui sur le coccyx ne restent pas assis
Les gens pressés seront décorés
Dans la salle des pas-perdus
Au rendez-vous des culs pointus
Pointus
Pointus
A la Mouf, à la Mouf, à la Mouffetard
On y boit aussi l'on y bouffe tard
A la Mouf, à la Mouf, à la Mouffetard
On y boit aussi l'on y bouffe tard
La Mouf bouge, la Mouf bouge
Du sombre soir au fier matin
C'est la java du petit rouge
Quadrille du Beaujolais sur le zinc zinc
A la Mouf, à la Mouf, à la Mouffetard
On y boit aussi l'on y bouffe tard
T'as bien l'bonjour de Marcel la cloche
Qui a son petit frère flic au Panthéon
Il est pas plus beau je suis pas plus moche
Mais il est plus ton taine ton
Bien qu'il soit plus jeune que moi de trois classes
Il m'file sa godasse dans le rognon
S'il me trouve tout du long rond sur la place
C'est te dire s'il est ton taine ton
Dire que nos vieux ont pris la Bastille
Un quatorze juillet après force canons
Lui c'est le désespoir de la famille
C'est te dire s'il est ton taine ton
A la Mouf, à la Mouf, à la Mouffetard
On y boit aussi l'on y bouffe tard
T'as bien l'bonjour de la marine
Moi j'suis pas français, je suis breton
Le fils chéri de la débine
J'préfère ma casquette à vos chapeaux ronds
Taine ton
A la Mouf, à la Mouf, à la Mouffetard
On y boit aussi l'on y bouffe tard
Le soleil qui glissait sur les aiguilles des pins
Le soleil dans tes yeux le soleil sur mes mains
Le soleil dans ma tête et ma tête sur ton sein
Ce soleil pardieu je m'en souviens
Souviens toi du mur blanc du mur blanc jusqu'au ciel
Souviens toi du ciel blanc du ciel blanc de soleil
Aussi chaud que le vent qui souffle au travers des pins
Il caressait ta nuque je caressais tes mains
Aussi bon que l'odeur du soleil dans le vent
Souviens toi des bonheurs de ce temps
Souviens toi alentour, l'air tremblait de désir
Ivres folles les cigales chantent et grincent de plaisir
Le soleil qui glissait sur les aiguilles des pins
Le soleil dans tes yeux le soleil sur mes mains
Le soleil dans ma tête et ma tête sur ton sein
Ce soleil pardieu je m'en souviens
Ce soleil pardieu je m'en souviens
Triste sire, à la mine grise
L'a pas bouffé depuis huit jours
Et l'autre qui lui parle du temps des cerises,
De ses amours
C'est de la foutaise, Blaise
De quoi me faire rigoler le cul
S'il était plus à son aise
Plus gras plus dodu
Et qu'il se chaufferait à la braise
D'un brave feu perdu
Vous pouvez vous les mettre en berne
Vos miches, vos nichons, vos appâts
Fillettes .....
Et pas celui du foie gras
T'es la plus chouette Thérèse
J'te cavalerai jusqu'aux nues
Ta bouche a le goût de la fraise
Qu'on n'a jamais eue
Même qu'à table on serait treize
Je cracherais pas dessus
Par mes tripes que Dieu le dise
Il t'aima bien durant huit jours
Et l'autre qui te parle du temps des cerises
Et de tes amours
C'est de la foutaise, Blaise
De quoi me faire rigoler le cul
S'il était plus à son aise
Plus gras plus dodu
Et qu'il se chaufferait à la braise
D'un brave feu perdu
Notre chère mère la terre un jour a voulu
Trafiquer de l'énergie solaire comme elle put
Comme elle put, comme elle put
Une bombe A H ou Z explosa tout de travers
Depuis je fais du trapèze quelque part dans l'univers
Dans l'univers, dans l'univers
Là oh là où l'azur est si pur
Oh l'azur si pur...
Planté sur une guibolle, pied nu comme une grue
J'ai vu la lune qui rigole toute nue
Toute nue toute nue
Belle lune jolie sphère tu m'as toujours plu
Depuis je trafique l'énergie lunaire
Tant et plus, tant et plus
Là la la, oh là où l'azur est si pur
Oh l'azur si pur...
Quand je repense à la terre dont j'ai tété
le sein
J'ai mon petit cœur demain qui se serre un brin
Un brin un brin
Les hommes et les vers de terre naissent du même verseau
Je retournerai dans le sein de la terre au chaud
Au chaud, au chaud
Là la la, oh là où l'azur est si pur
Oh l'azur si pur
Chant : Corinne Marchand
Direction d'orchestre : Gaston Balenglow
ORTF, 5 juin 1965
PEUR
DE MON COEUR
(René Fallet)
Quand vient le soir j'ai peur de mon cœur
Je suis seul avec lui cette nuit
Seul avec cet oiseau de malheur
Qui me parle de toi sur les toits
De toi qui ne revient que dans un rêve
Ou dans le train-fantôme de ma fièvre
Qui me parle de toi et de toits
Quand vient le soir j'ai peur de mon cœur
Mon corps fut le chemin de tes mains
Je suis seul avec lui cette nuit
Mais ce corps n'est plus rien sans tes mains
Vois comme je meurs de toi loin de toi
De toi qui me souris dès que je ferme les yeux
Et que s'éteignent les lanternes
La nuit parle de toi sur les toits
Quand vient le soir j'ai peur de mon cœur
Quelques gouttes de pluie cette nuit
Rafraîchiront les fleurs de mon cœur
Les fleurs que tu coupas pas à pas
Vienne la pluie sur moi une fois
J'oublierai alors la blessure rouge
De ta bouche ouverte j'oublierai ta bouche
Tu me parles de toi sur les toits
Quand vient le soir j'ai peur de mon coeur